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Savoir user de Liberté avec Amour

 

Liberte

Vous devez être exposés à des choses que vous ne comprenez pas tout à fait, car plus vous songerez et réfléchirez à ces questions peut-être un peu difficiles pour vous, plus vous serez susceptibles d’avoir une vie riche.

J’ignore si certains d’entre vous ont déjà remarqué, tôt le matin, le jeu du soleil sur l’eau, l’extraordinaire douceur de la lumière, le mouvement dansant de l’eau noire, la présence au-dessus des arbres de l’étoile du berger, seule visible dans le ciel. Êtes-vous attentifs à ces choses ? Ou êtes-vous si occupés, si accaparés par la routine du quotidien que vous oubliez ou n’avez même jamais connu la beauté resplendissante de cette terre – cette terre sur laquelle il nous faut tous vivre ?

Nous sommes de moins que rien, pourtant nous aussi vivons sur cette terre et nous devons tous vivre ensemble. C’est l’univers des pauvres aussi bien que des riches, des illettrés comme des érudits, c’est notre univers et je crois qu’il est essentiel de percevoir cela et d’aimer la terre, pas juste occasionnellement, à la faveur d’un beau matin paisible, mais en permanence. Nous ne pouvons ressentir ce monde comme étant nôtre, et l’aimer, que si nous comprenons ce qu’est la liberté.

La liberté n’existe pas à l’heure actuelle, nous ne savons pas ce que cela signifie. Nous voudrions bien être libres, mais tout le monde, chacun dans son coin – le professeur, le parent, l’homme de loi, le soldat, le policier, l’homme politique, l’homme d’affaires – agit en sorte de faire obstacle à la liberté. Être libre, ce n’est pas simplement agir à sa guise ou échapper à une situation extérieure contraignante, c’est comprendre tout le problème de la dépendance.

Les enfants sont dépendants de leurs parents, ils dépendant de leurs professeurs, du cuisinier, du facteur, du livreur de lait etc… Ce type de dépendance est relativement facile à comprendre, mais il en existe une autre, beaucoup plus profonde, et que l’on doit comprendre afin d‘être libre ; c’est le fait d’être dépendant d’un autre pour être heureux.  Ce n’st pas la simple dépendance matérielle par rapport à l’autre qui est si aliénante, mais la dépendance intérieure, psychologique, d’où vous tirez un soi-disant bonheur ; car lorsque vous dépendez de quelqu’un de cette manière-là, vous devenez esclave. Si en grandissant, vous dépendez émotionnellement de vos parents, de votre femme ou de votre mari, d’un gourou ou d’une idée quelconque, c’est déjà là l’amorce d’un asservissement.

A un certain stade de notre évolution, à moins de se défaire réellement de toute dépendance intérieure, nous ne pourrons jamais être libres, car ce n’est que dans et par cette compréhension que la liberté est possible. Mais la liberté ne se résume pourtant pas à une seule réaction ; si je vous dis quelque chose de blessant, d’insultant et que vous êtes en colère contre moi, cette colère es tune réaction – née de la dépendance ; et l’indépendance est aussi une réaction. Mais la liberté elle, n’est pas une réaction, et à moins de comprendre la réaction et de la dépasser, nous ne sommes jamais libres.

Savez-vous ce que signifie aimer un arbre, un oiseau, ou un animal de compagnie, de sorte que vous vous en occupez, vous le nourrissez, vous le chérissez, bien qu’il ne vous donne peut-être rien en échange, qu’il ne vous offre pas son ombre, qu’il ne vous suive pas, qu’il ne dépende pas de vous ? La plupart d’entre nous n’aiment pas de cette manière, nous ignorons tout de cette forme d’amour car notre amour est toujours assailli d’angoisse, de jalousie, de peur, ce qui sous-entend que nous dépendons intérieurement d’autrui, que nous voulons être aimés, que nous ne nous contentons pas d’aimer tout simplement : nous demandons quelque chose en retour, et cette attente même nous rend dépendants.

La liberté et l’amour vont donc de pair. L’amour n’est pas une réaction. Si je vous aime parce que vous m’aimez, ce n’est qu’une forme de troc, l’amour devient une marchandise, ce n’est plus de l’amour. Aimer, ce n’est pas demander quelque chose en retour, ce n’est pas même avoir le sentiment de donner quelque chose – et seul cet amour-là peut savoir ce qu’est la liberté. Mais, voyez-vous, votre éducation ne vous prépare pas à cela. On vous enseigne les mathématiques, la chimie, la géographie, l’histoire et cela ne va pas plus loin, car l’unique souci de vos parents est de vous aider à avoir une bonne situation et à réussir dans la vie. S’ils ont de l’argent, ils peuvent vous envoyer à l’étranger, mais comme tout le monde, leur unique but est que vous soyez riches et que vous ayez une position respectable dans la société ; et plus haut vous montez, plus vous êtes cause de souffrance pour les autres, car pour atteindre ces sommets, vous devez vous livrer à une compétition féroce.

Les parents envoient donc leurs enfants dans des écoles où l’ambition, la compétition font loi, et où il n’y pas du tout d’amour, et voilà pourquoi une société telle que la nôtre est en perpétuelle décadence, et constamment en lutte. Et bien que les hommes politiques, les juges et les soi-disant nobles du pays parlent de paix, ce discours et sans valeur aucune.

Nous devons découvrir par nous-mêmes ce qu’aimer veut dire, car si nous n’aimons pas, nous ne pourrons jamais être attentionnés, prévenants, plein d’égards. Voyez-vous, lorsque vous apercevez une pierre tranchante sur un chemin foulé par de nombreux pieds nus, vous l’ôtez du chemin, non parce qu’on vous l’a demandé, mais parce que vous êtes attentifs à l’autre – peu importe qui il est, peu importe si vous ne devez jamais le rencontrer. Pour planter un arbre et le chérir, pour contempler la rivière, savourer la générosité de la Terre, observer l’envol d’un oiseau et en voir la beauté, pour être sensibles et  ouverts à cet extraordinaire mouvement qu’on appelle la vie – pour faire tout cela il faut la liberté. Et pour être livres, vous devez aimer. Sans amour il n’est point de liberté, sans amour la liberté n’est qu’une idée sans la moindre valeur. La liberté n’est donc possible qu’à ceux qui comprennent la dépendance intérieure et qui s’en dégagent, et qui savent par conséquent ce qu’est l’amour. Eux seuls feront naître une nouvelle civilisation, advenir un monde différent.

Tant qu’existe le désir de gagner, de réussir, de devenir, à quelque niveau que ce soit, l’angoisse, la douleur et la peur sont inévitables. L’ambition d’être ceci ou cela, ne disparaît que lorsque nous voyons le caractère putride et corrupteur de l’ambition elle-même. Dès l’instant où nous voyons que la soif de pouvoir sous tes ses formes est fondamentalement mauvaise, nous n’éprouvons plus le désir d’être puissants. Nous allons alors utiliser le pouvoir à de justes fins – Une juste fin ne s’atteint pas par de mauvais moyens. Le bien n’est pas l’opposé du mal : il n’éclot que lorsque ce qui est mal a totalement cessé d’exister.

Pour rester en dehors du système, nous devons rester tels que nous sommes, en toute humilité. Tant que vous vous conformez, tant que vous êtes ambitieux, âpre au gain, que vous corrompez et détruisez les autres dans la course et à l’influence, vous êtes considéré comme un citoyen respectable. On vous apprend à vous insérer dans la société, or cela ce n’est pas de l’éducation, ce n’est qu’un simple système qui vous conditionne  à vous soumettre à des schémas établis. La véritable fonction de l’éducation n’est pas de vous former à la carrière de quoi que ce soit, mais de vous aider à comprendre tous les rouages de cette société et de vous permettre de grandir de sorte que vous couperez les ponts et créerez une société différente, un monde nouveau.

Extrait du Chapitre 3 – Le sens du bonheur de Krishnamurti.

Source : https://prendresoindenosenfantsquantiques.wordpress.com/

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