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Danser à travers les flots de la vie

Flots de la vieJ’ai toujours cru en la vie éternelle. Cet état où l’humain est illimité de par sa capacité à se créer au quotidien. Dans ma jeunesse, je m’imaginais communiquer par télépathie, me téléporter et ressentir que j’étais partout à la fois. J’avais réellement l’impression d’être uni avec le monde. Je percevais « tout » et je sentais que je tenais la vie tout entière entre mes mains… mais je ne savais pas quoi faire avec ça. C’était trop. Un peu comme une rivière immense dans laquelle j’avais peur de me dissoudre. C’était tellement intense, je te jure, j’ai paniqué ! J’ai alors décidé de quitter le flot de la vie. Et c’est là que mon âme a dessiné un parcours pour se reconnecter à mon corps afin de revenir dans ce courant. Enfant, j’ai développé mon côté athlétique en pratiquant plusieurs sports, ce qui m’a aidé à entrer en contact avec mon corps. À l’adolescence, j’ai fait de la musique, du théâtre et du cinéma.

Le côté subtil des arts m’a mis en contact avec l’âme. Puis, jeune adulte, j’ai découvert la danse.

Avec la danse, mon corps et mon âme se sont rejoints. Dans cette union, j’ai pu enfin retourner dans la rivière, mais de façon sécuritaire. J’ai trouvé un point d’ancrage solide pour expérimenter l’état d’unité que j’avais ressenti dans ma jeunesse.

Le corps est un espace d’une densité incroyable ! Quand je danse, je meus cette masse riche et dense dans un espace sinueux et texturé, rempli de lumière et d’Amour.

En dansant, je permets à cet Amour universel de s’exprimer dans la matière. Les formes physiques et les architectures géométriques que je crée avec mon corps reflètent mon paysage intérieur, mon ressenti du moment. Je présente et je magnifie l’expérience vécue par l’Âme dans ce véhicule terrestre. Je manifeste, à chaque instant, le divin qui cherche à s’exprimer à travers l’Âme.

Mon corps est alors comme l’ancre qui permet au bateau de flotter sur l’eau sans s’égarer dans la vastitude de l’océan. Il me permet de ressentir l’unité céleste et d’explorer l’Univers sans me déconnecter de l’expérience terrestre.

À travers la danse, j’apprends aussi à toucher les limites actuelles de mon corps. Je peux alors les repousser, et cette action a pour effet de changer mon centre… Autrement dit, quand mon corps devient capable de faire quelque chose qu’il ne pouvait pas faire avant – le grand écart, ou un enchaînement complexe, par exemple – ça influence mon identité, ma conscience de qui je suis.

À partir de ce nouveau centre, je repars à la rencontre de mes nouvelles limites. De dépassement en dépassement, je retrouve une vérité tellement puissante qu’elle réussit à matérialiser ce sentiment d’unité avec le tout.

Quand je parle de corps, je parle en réalité de tous les types de corps. Quand j’explore les limites de mon corps physique, cela me fait vivre des émotions, me confronte aux réactions de mon mental et me permet de concrétiser mes aspirations spirituelles.

Vivre des périodes de retour en moi-même et d’expansion de conscience sur différents plans me permet de toucher à quel point l’Âme a besoin d’un corps pour se réaliser dans la matière. L’Âme a besoin d’unifier et de structurer tous ses corps – physique, mental, émotionnel, spirituel – pour pouvoir s’exprimer, pour pouvoir danser !

J’ai également pris conscience que ce processus de structuration m’a fait vivre un autre grand mouvement. Je veux parler du phénomène d’identification, puis de désidentification. De construction puis de déconstruction. Identification à une certaine technique de danse, construction d’une certaine habileté physique, puis détachement, désidentification, déconstruction pour pouvoir danser librement dans un corps capable d’obéir à toutes les impulsions de l’Âme.

J’ai appris que plus je m’investis à 100% dans la construction de mon identité, plus la déconstruction et la désidentification seront révélatrices et évolutives. Que ce soit en pratiquant la danse, en cuisinant ou via toute autre activité. Chaque geste, chaque action, devient alors un espace de construction ou de déconstruction de ma personnalité.

Lorsque ces deux directions sont harmonisées – construction et déconstruction, élan vers soi et élan vers le monde –, un état d’Amour peut surgir et l’Âme peut directement communiquer à travers ses corps pour permettre la création de l’éternité terrestre…

Lorsque je laisse le mouvement juste émerger, tout s’orchestre à l’intérieur de moi pour que cette harmonisation se produise à chaque instant. Je ressens profondément que tout dans notre composition intérieure, autant au niveau cellulaire, moléculaire qu’atomique, est conçu pour l’harmonisation de ces deux directions, de ces deux polarités, afin que la lumière puisse jaillir de nous.

N’est-ce pas incroyable ?

Si vous deviez, les yeux bandés, trouver le centre d’une table, quelle serait votre stratégie afin de réussir cette tâche ? Pour ma part, j’irais toucher les bords de celle-ci. À partir de ce point de référence clair, je pourrais facilement repérer le centre de la table.

Alors pourquoi nous méfions-nous de nos extrêmes ? Dans mon expérience, je sens que ceux-ci me servent de repères clairs pour m’aider à trouver mon centre.

Le plus excitant dans cette façon de vivre les choses, c’est qu’à chaque fois que je touche le centre de ma table, celle-ci s’agrandit dans toutes les directions ! À moi de partir à la découverte de mes nouvelles extrémités, afin de pouvoir redécouvrir le nouveau centre de mon être… mon nouveau point de départ.

Ce jeu d’expansion peut se poursuivre à l’infini, j’en suis certain. Il nous offre un aperçu d’immortalité et l’éternité devient alors une réalité quotidienne.

Texte / Sébastien Cossette-Masse

https://www.integrer.com/danser-a-travers-les-flots-de-la-vie/

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