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Êtes-vous bien incarnés ?



par Arouna Lipschitz

Afin d’évaluer notre rapport à l’élément terre, tentons de voir combien nous sommes heureux d’être incarnés ou combien nous sommes prisonniers de la nostalgie d’un paradis perdu. »On ne peut se libérer de sa tristesse que si on aime cette terre d’une passion inébranlable », a dit Don Juan à Castaneda.

Une fondamentale tristesse est ancrée dans le traumatisme de la séparation. Séparation du corps de la mère pour les psy., du corps de Dieu ou des étoiles pour les spiritualistes. La nostalgie qui en découle nourrit, dans tous les cas, un idéal de fusion, d’élévation visant à transcender « la vallée des larmes » que représente, pour de nombreuses traditions, notre passage sur terre. Comme si évoluer ne consistait qu’à fuir le monde et la dualité intrinsèque à la condition humaine.

Et s’il fallait aujourd’hui involuer en même temps qu’évoluer ? C’est ce défi que lança un maître de sagesse occidental au swami en robe orange – femme prêtre dans la tradition hindoue – que j’étais devenue. Je n’aspirais alors qu’à transcender la souffrance, la déception, la frustration et autres effets incontournables de l’incarnation, en marchant vers les sommets nirvaniques et leur mystique sérénité (voir encadré). Comment tendre vers le ciel sans mépriser la terre, s’ouvrir au divin sans renoncer à son humanité ? En honorant la terre. C’est ce que nous rappelle la tradition chamanique, véritable gardienne d’une spiritualité, qui n’oublie pas que les racines célestes de l’Arbre de Vie que nous sommes ne peuvent se manifester, se concrétiser, sans une solide prise de terre.

Notre pouvoir de transformation

Comme elle transforme les graines, les déchets et le fumier, la terre nous modifie en permanence, via notre alimentation, notre respiration, nos échanges avec l’environnement. Personne n’échappe à cette grande école d’alchimie organique. Ainsi, volontairement ou à notre corps défendant, nous sommes tous soumis à la pression concrète de l’énergie matière et de son complice, le temps. On peut la subir avec tristesse et mélancolie, la fuir dans les joies transcendantales ou l’accompagner en développant en nous, par l’éveil et l’élargissement de conscience, son intrinsèque pouvoir de transformation.

Se sentir bien avec la terre, être bien dans sa peau, car le corps est notre terre personnelle, et, en ce sens, il est le plus fidèle miroir de notre acceptation de l’incarnation. Apprendre à gérer les contraintes de l’existence avec un grain de bonne humeur, sans se laisser emporter dans la spirale négative du mécontentement, aide à cela. Commençons par observer nos réactions face aux petits tracas ordinaires, aux contretemps qui s’enchaînent, aux harcèlements du répétitif, aux objets qui nous résistent et semblent nous narguer : de l’ordinateur qui crashe à la voiture qui ne démarre pas, des clés qu’on ne trouve plus, au plombier qui n’arrive pas, etc.

Nos réactions sont le miroir de notre compétence à opposer une intention de régénération à chaque sensation d’impuissance, à transformer le négatif, à amplifier le positif. C’est cela incarner la paix, la joie, la lumière ici-bas, sur terre, dans le monde et avec le monde. Comment réagissons-nous à ce qui nous résiste ? Où en sommes-nous entre la passivité face à l’existence et aux autres, qui signale le côté « victime » de celui qui tend à subir et l’agressivité de celui qui préfère forcer, manipuler les événements et autrui ? Sommes-nous plutôt souples ou fermes face aux événements ? Du côté souplesse, sommes-nous dans l’énergie positive ou négative de l’élément terre ? Ne confondons-nous pas souplesse avec mollesse, détachement avec laxisme, docilité avec dépendance, être imperturbables avec être indifférents et froids ? Et lorsque nous équilibrons la qualité réceptive, la force imperturbable de la terre, en manifestant son aspect solide, ne confondons-nous pas solidité avec dureté, efficacité avec intransigeance, être affirmé avec être intraitables ?

En cas de dérapage

En cas de dérapage, enfoncer les doigts dans la terre pour lui demander de transformer, dans ses laboratoires alchimiques, le négatif, vos difficultés physiques, vos découragements, vos lourdeurs d’âme. A défaut d’un jardin, vous pouvez toujours consacrer une plante verte à cet usage et vous servir symboliquement de l’index comme conducteur. Si vous croyez aux anges, vous pouvez appeler l’ange de la terre pour qu’il vous assiste dans les transformations en cours. Il suffit de lui demander de nettoyer votre corps éthérique, ce double subtil du corps physique, de son poids de chagrins et de désespérances. Il ne vous laissera pas tomber dans ces chaos qui annoncent toujours un renouveau. Vous pouvez aussi répéter comme un mantra la fameuse formule de Marc Aurèle : « Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne puis changer, le courage de changer celles que je peux et la sagesse d’en connaître la différence. » Tout cela vous aidera à trouver une place tranquille sur la terre sans devenir austère, planant ou trop terre-à-terre. C’est tout l’art de vivre la tête dans le ciel et les pieds bien sur terre avec le goût de vivre, manifesté par la vitalité et l’enthousiasme pour alliés. C’est alors qu’on peut dire avec Guitta Mallaz que « porter le poids de la terre n’est pas un fardeau mais une grâce car c’est seulement ainsi que la lumière peut trouver sa bien-aimée, la matière en nous. »

Vivre le ciel sur terre

« Tout le monde veut être illuminé… c’est bien. Mais Dieu n’a pas créé cette terre pour voir ses enfants flotter dans un état de nirvana et, dans cette félicité, se détacher du reste du monde et de leurs frères humains…

Vous devez comprendre qu’aujourd’hui, il faut une évolution spirituelle involutive, une descente… Il faut réussir à faire descendre l’esprit dans la matière. C’est cela la véritable réalisation de l’Esprit : amener la lumière dans nos pensées, nos sentiments, nos actions, et dans chaque cellule de notre organisme. Nous devons vivre le ciel sur la terre, la lumière dans la matière et dans notre vie. C’est comme cela que nous pourrons contribuer à la création d’une nouvelle Terre. »

Extrait de Dis-moi si je m’approche

Vu sur http://channelconscience.unblog.fr/

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